Il était une fois, un château fort sis à Monthoux au sommet de la colline du même nom, un point culminant le Genevois et le Faucigny.

Aujourd’hui, un magnifique parc communal préservé, un réel havre de verdure et de tranquillité permet aux habitants de Vétraz-Monthoux et de l’agglomération Annemassienne de découvrir un étang, un appentis typique; mais aussi d’admirer une chapelle gothique aux remarquables vitraux en forme d’ogive éclairés le soir ainsi qu’un bâtiment  habité, entouré de murs anciens, vestige de l’ancienne église.

Le château de Monthoux présent à la fin du Moyen Age n’a pas survécu à l’époque moderne. Toutefois, son histoire n’est pas dépourvue d’intérêts et mérite d’être brièvement relatée. Grâce à des historiens passionnés et naturellement, sans rentrer dans les détails des faits chronologiques de cette époque si riche et si troublée à la fois, voici quelques rappels de la vie de combat du château au cours des siècles écoulés… Il ne doit pas être confondu avec le château de Monthoux de Pringy 

L’histoire a ses préférences dans la commémoration des faits guerriers. La bataille rangée de Monthoux est sans doute la plus grande jamais livrée dans la région, tout du moins pour la période médiévale, or elle a toujours été survolée par les historiens…

Le château de Monthoux (orthographié parfois Montoux, Monthouz, Monthous) est un ancien château fort, construit vers la fin de la première moitié du XIIe siècle. Il est le siège d’une châtellenie ou mandement du Faucigny. Durant la période Delphinale, le Faucigny est organisé à partir de 1342-1343 autour de quinze châtellenies, dont Monthoux.

La châtellenie, au XIVe siècle, comprend les paroisses de Haut et Bas-Monthoux, d’Annemasse, d’Ambilly, Sales et Vétraz.

LE CHATEAU DE MONTHOUX vers 1328/1355

(Contexte: Guerre Delphino-Savoyarde, combat sur la frontière fortifiée des seigneurs du Faucigny/Comte de Genève – Savoie du nord (Haute-Savoie).)

 

LA BATAILLE DE MONTHOUX FIN JUILLET 1332 :

Messire Hugues de Genève, seigneur Hugues d’Anthon (son père Amédée II de Genève) parent et vassal du Dauphin Guigue VIII, veut récupérer son héritage confisqué par le comte Aymon de Savoie, (règne 1329/1343). Coupé de ses voies principales vers ses forteresses du Salève, il lui faut chasser les Savoyards de l’enclave de Monthoux (1330). Hugues d’Anthon de Genève rassemble environ 4000 hommes, met le siège devant le château et le bourg de Monthoux. La famine contraint les défenseurs, le quatrième jour à se rendre à Messire Hugues de Genève, qui installe alors mi-juillet une garnison dans la forteresse pour le compte de Messire Humbert, frère du Dauphin (Seigneur du Faucigny).

Le Comte Aymon de Savoie, dit « le Pacifique », se trouve à Seyssel, quand il apprend que messire Hugues de Genève, seigneur d’Anthon, avec les gens d’armes du Dauphin, ont, une nuit, pénétré dans le bourg de Monthoux et fait venir des renforts du Faucigny pour conquérir le donjon, que son châtelain tient  toujours. De là l’armée savoyarde au grand complet, avec le comte Aymon de Savoie, le comte Amédée III de Genève, Louis II de Savoie-Vaud et son fils Jean,  Edouard Ier de Beaujeu, Jean II de Chalon-Auxerre et Hugard de Joinville seigneur de Gex, va prendre position juste en dessous du molard (rocher) de Monthoux (27/28 juillet 1332).
Tous pensent qu’Amé de Cernent et Vincent Lambert tiennent encore le donjon, mais leur espoir est déçu, car la reddition a eu lieu le matin même.

Pour combattre messire Hugues de Genève et les troupes faucignerandes,  le comte Aymon de Savoie divise ses troupes en deux corps de bataille principaux et deux ailes :
Le premier corps est conduit par le seigneur de Beaujeu et avec le Comte de Genève, il se réserve le commandement du second corps.
Les ailes furent confiées à Hugard, sire de Gex et à Jean de Savoie-Vaud et les piétons disposés derrière les corps de bataille.
Une fois les ordres donnés, Jean de Savoie, Antoine de Beaujeu, Hugard de Gex, Anthelme de Miolans et beaucoup d’autres seigneurs sont faits Chevaliers par le Comte Aymon.

De Monthoux, messire Hugues de Genève, apercevant l’armée savoyarde rangée en bataille, se prépare et descend avec tous ses gens au pied du molard sur lequel est juché le château.
Là, il adoube de nouveaux Chevaliers, puis met les siens en ordonnance, fait ériger une ligne de pieux, commande à chacun de garder la position et de ne pas abandonner le pied de la côte où ils sont rangés.

Quand le Comte de Savoie voit le jour décliner et que ses ennemis ne veulent ni avancer, ni reculer, il ordonne de procéder à l’estimation des ennemis; la réponse est : dans l’armée de messire Hugues, il y a 1500 hommes d’armes et 2000 hommes « de trait ».   « Et nous sommes bien autant et ils ne nous échapperont pas !!!,  « malheur à celui qui n’essaiera pas de grimper sur la motte où sont nos ennemis !!! » s’exclame le Comte.

Puis, il ordonne aux deux ailes commandées par Jean de Savoie, Hugard de Gex et à la « bataille » du seigneur de Beaujeu d’attaquer les ennemis afin de voir s’ils ne peuvent pas mettre «le foutoir» dans leurs rangs et les attirer dans la plaine.

Les Dauphinois et les Faucignerands, qui bénéficient d’une position plus élevée, dans le château enrayent l’assaut et réussissent même à refouler les Savoyards, dont beaucoup sont occis et d’autres (comme Jean de Savoie, fils du seigneur de Vaud) faits prisonniers. Le Comte Aymon et les seigneurs alliés, voyant leurs gens ainsi repoussés, s’élancent à leur tour contre les Dauphinois, le choc est terrible !!!
La mêlée est  violente, ils sont ramenés au bas du molard, où ils essayent de résister sur leur ancienne position mais celle-ci a été contournée par les gens de pied du Comte Aymon, qui se sont infiltrés entre eux et le château, de sorte que Messire Hugues de Genève menacé d’encerclement, décide de battre en retraite.
Savoie !!! Savoie !!! La poursuite est sauvage et sanglante.
Finalement victorieuse réussissant au cours du combat à délivrer Jean de Savoie, l’armée Savoyarde perd environ quatre cents hommes parmi les nobles et autant de gens de pied.
Du côté de messire Hugues de Genève, le nombre des tués (originaires du Dauphiné, Faucigny ou d’ailleurs) atteint plus de huit cents pour les chevaliers, écuyers et hommes d’armes et mille pour les piétons.
Les Savoyards, maîtres du champ de bataille, font en outre beaucoup de prisonniers, tandis que le restant de leurs adversaires se réfugie dans le bourg et le château de Monthoux (du moins les plus chanceux).
Après avoir enseveli les morts et soigné les blessés, les comtes de Savoie et de Genève assiègent la citadelle pendant trois jours. Le quatrième jour, sous réserve d’avoir la vie sauve, les Dauphinois et les Faucignerands rendent le château au Comte Aymon de Savoie, qui le fait aussitôt renforcer et y place une garnison personnelle. Puis, chacun rentre chez soi, en emmenant ses prisonniers.

LE CHATEAU DE MONTHOUX EN 1444

Possession des Comtes de Savoie depuis 1355, le château de Monthoux reconstruit en 1444 domine la région. C’est l’année où Amédée VIII, successivement Comte puis Duc de Savoie avant de devenir Pape en 1439, décide d’administrer lui-même le diocèse de Genève à la mort de l’évêque François de Metz, originaire des environs d’Annecy.

 

 

 

MONTHOUX ET LES VIRY 

Ce n’est qu’en 1497 qu’Amédée de Viry est investi du château de Monthoux par le nouveau Duc, Philibert II, dont l’histoire retient surtout qu’il a épousé en 1501 Marguerite d’Autriche, fille de l’empereur Maximilien, petite fille de Charles le Téméraire et tante de Charles Quint. Mais, Michel de Viry, successeur de son père Amédée, doit le 22 avril 1532 céder définitivement Monthoux à Jean et Michel Guillet. Cette vente est confirmée et approuvée par Philippe de Savoie, le 15 mai 1532.

 

 

 

LES GUILLET, SEIGNEURS DE MONTHOUX 

Les Guillet sont originaires de Crans, près de Nyon dans le pays de Vaud. Michel Guillet y exerce l’office de « Mayor de Crans ». Il est aussi bourgeois de Genève. Jean Guillet a des propriétés à Thonon, Draillant et Nangy ainsi qu’à Fribourg. Les deux frères sont reconnus nobles par l’empereur Charles Quint le 10 juin 1529. Ils achètent Monthoux en 1532. En 1536, éclate la guerre, ou plutôt les guerres car François 1er profite du conflit pour envahir le duché de Savoie que la France occupe pendant 23 ans jusqu’en 1559. Les Bernois, venus au secours de Genève, s’emparent du Chablais et ravagent le nord du Genevois et une partie du Faucigny. Le château reste aux mains des Bernois qui prétextent que Michel Guillet est  partisan du duc de Savoie est ennemi de Berne. Jean Guillet demande alors à la ville de Fribourg dont il est citoyen d’intervenir auprès de la ville de Berne. Par un jugement arbitral rendu du 18 février 1541 entre ces 2 villes , il est décidé que le château soit rendu a Jean Guillet à la condition que son frère Michel n’en perçoive pas les revenus. Les Guillet sont très activement mêlés aux divers conflits et aux guerres qui durant plus de 4 ans ravagent le Faucigny. Janus le fils de Louis Guillet soutient vaillamment le siège de son château dont «il ne sort que lorsque les canons de assiégeants ont entièrement renversé les murailles.

LES DERNIERES BATAILLES DE MONTHOUX

Un déclenchement des hostilités par les Genevois dans la nuit du 2 au 3 avril 1589 surprend le château de Monthoux qui  est emporté sans combat. Il doit être libéré à l’automne par Charles Emmanuel, duc de Savoie rentrant du Piémont lors du reflux des armées genevoises après le départ des Bernois. Un traité de paix est signé à Nyon le 10 octobre 1589. Le Duc de Savoie retire alors ses troupes mais aussitôt les Genevois reprennent l’offensive. C’est l’année suivante, le 30 mars 1590, qu’après une expédition manquée en janvier, que le Capitaine Lurbigny s’attaque au château avec 6 compagnies de fantassins, 2 de cavalerie et 6 pièces de canon. Le soir venu, le gros de la troupe regagne Genève laissant une demi-compagnie pour attendre les maçons chargés de détruire la forteresse. Ainsi, semble-t-il, le château de Monthoux est définitivement détruit. Pourtant, entre l’armée combinée de France et de Genève et l’armée ducale, la grande bataille de cette guerre se déroule à Monthoux, le 12 mars 1591.  Les Franco-Genevois, au nombre de 2.500 fantassins et de 300 cavaliers, se sont avantageusement placés sur le sommet du coteau de Monthoux. Cette bataille indécise est considérée par chacune des armées comme une victoire. Une chose est sûre, c’est qu’elle marque bien la fin de ces conflits incessants. Et désormais, Genève ne combat plus pour occuper le Faucigny mais pour sauvegarder son indépendance qu’elle assure en repoussant l’Escalade de 1602.